L’archipel de Chausey
Situé à quinze kilomètres à l’ouest de Granville, l’archipel de Chausey est constitué d’une île principale et d’une cinquantaine d’îlots réunis à marée basse par un vaste estran parsemé d’une multitude d’écueils. L’ensemble s’étend sur 5 000 ha, dont près de 4 000 assèchent en grande marée. Seule la Grande Île (45 ha) est habitée. Elle appartient pour sa plus grande part à la Société Civile Immobilière (SCI) des îles Chausey, également propriétaire de l’ensemble des îlots jamais recouverts (20 ha). Tout le reste de l’archipel relève du domaine public maritime, donc de l’État.
L’ancienneté de la présence humaine dans l’archipel est attestée par de nombreux vestiges mégalithiques dont un cromlech récemment découvert. Son implantation à 4,5 mètres au-dessous des plus hautes mers actuelles donne une indication assez précise sur son âge : d’après les courbes de remontée des eaux établies pour notre région, ce niveau topographique s’est trouvé envahi par la mer au cours du néolithique moyen. Le cromlech a donc nécessairement été construit avant cette époque, ce qui permet de conclure à une occupation humaine vieille d’au moins 5 000 ans.
En 1022, le nom de Chausey apparaît pour la première fois dans un acte de Richard II, duc de Normandie, donnant l’archipel aux moines du Mont Saint-Michel. Pendant 500 ans, les moines ont exploité le granite de Chausey pour construire la Merveille. Après leur départ, au milieu du XVIe siècle, redoutant une invasion de l’archipel par les Anglais, le roi Henri II édifia une forteresse sur la Grande Île. Celle-ci fut détruite en 1756, 200 ans plus tard, par une expédition anglaise. Les ruines du vieux fort furent relevées au début des années 1920 par l’industriel Louis Renault et reconverties en lieu de villégiature.
Depuis le 12 octobre 1802, Chausey est rattaché administrativement à la commune de Granville. On craignait à l’époque que la Grande-Bretagne, considérant ces petites îles comme une dépendance naturelle de ses possessions anglo-normandes, n’émette des prétentions sur l’archipel. En les rattachant officiellement à une commune du littoral, le gouvernement affirmait l’appartenance des îles Chausey à la France : Granville hérita ainsi de son quartier insulaire, devenu de nos jours un véritable joyau touristique.
Gilbert HUREL